10 juillet 2009
La suppression des réviseurs se paie cash
En 2002, le médiateur du Monde Robert Solé reconnaissait qu’une partie des articles n’étaient plus relus par les réviseurs mais confiés aux « logiciels de correction orthographique » (“Le goût des mots”, Le Monde daté 10 août 2002).
Interpelée, à juste titre, par les lecteurs à propos de la dégradation du niveau de langue, l'actuelle médiatrice Véronique Maurus confirme, dans sa chronique du Monde daté 27 juin 09 (“Correction”) :
Victimes de l'informatisation et des réductions d'effectifs qui ont touché tous les services depuis dix ans, les correcteurs sont sans doute trop peu nombreux aujourd'hui, pour revoir toute l'édition papier et, plus encore, le site Internet. Car l'informatique, qui réduit les erreurs de manipulation, a introduit aussi ses propres pièges : le "copié-collé" est une redoutable source d'accords fautifs. Le correcteur orthographique, faussement rassurant, est une autre chausse-trape.
Suivant ce mauvais exemple, la direction du Groupe Express-Roularta s'acharne depuis près de trois ans, avec une accélération au début de cette année à la faveur du Plan dit de sauvegarde de l'emploi, à diminuer les effectifs des réviseurs, à L'Express, à L'Expansion, à L'Entreprise... Evidemment, comme au Monde, c'est la qualité qui s'en ressent. Comment peut-on ensuite déplorer la désertion du lectorat ?
Auteur de La Fin des journaux et l'avenir de l'information (Le Débat-Gallimard, 2009), Bernard Poulet remarque :
Les remèdes sont parfois pires que le mal. Dans leur course frénétique à l’équilibre des comptes, les journaux écornent leur image et appauvrissent leur contenu, décourageant toujours plus de lecteurs. C’est entrer dans une spirale infernale que d’appauvrir l’offre pour boucher les trous financiers.
Messieurs les grands stratèges, quand réaliserez-vous que votre politique est suicidaire ?
04:59 Publié dans Presse | Tags : économies, emploi, rédaction technique
Les commentaires sont fermés.