Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15 février 2011

Salaires : tout change pour que rien ne change

La dernière réunion de la négociation annuelle obligatoire (NAO) sur les salaires s’est tenue le 14 février 2011. La direction a fait sa dernière proposition d’augmentation collective :

  • moins de 2000 e. (salaire brut) : + 1,5 %
    (selon la direction, 61 salariés sont concernés)
  • de 2000 à 3000 e. : + 1 %
    (238 salariés concernés)
  • de 3000 à 4000 e. : + 0,5 %
    (205 salariés concernés)
  • plus de 4000 e. : rien

70 % des salariés (hors CDD et journalistes pigistes) seraient donc concernés par une augmentation collective.

Les représentants du SNJ ont relevé que ces propositions signifient, pour ces 70 % des salariés, seulement + 15 à 30 euros sur la feuille de paie.

On est donc loin de la revendication unanime de toutes les organisations syndicales parties prenantes à la négociation (SNJ, CFDT, CGT) :

+100 euros pour tous.

Donc, pour le SNJ, le compte n'y est pas, et de loin !

En réalité, la “négociation annuelle obligatoire” (NAO), telle qu'elle se tient à GER, est une fausse négociation, une négociation en trompe-l'œil. En effet, dès la première réunion, en décembre, la direction a annoncé que dans le cadre de son budget elle avait prévu d'augmenter la masse salariale d'1 % pour les augmentations individuelles.

Or, si la direction avait arrêté l'augmentation de la masse salariale, fixer la part des augmentations individuelles revenait à fixer celle de l'augmentation collective.

Au cours du mois de janvier, des salariés ont appris (ou pas) qu'ils auraient une augmentation (individuelle)... Bref, les jeux étaient faits alors mêmes que la direction faisait semblant de négocier sur l'augmentation collective !

Donc, “verrouillage” a priori de la politique salariale. Mais à qui cela profite-t-il ?

Lors des réunions, la direction a indiqué qu'elle concevait la NAO comme un “correctif des bas salaires”.

Et si l'on s'intéressait aux hauts salaires ? Lors du CE du 20 octobre 2010, le rapport du cabinet d'expertise Syndex suscitait les commentaires suivants des élus SNJ :

“La santé économique du Groupe se rétablit, c'est flagrant pour Roularta mais significatif aussi pour RMF. En revanche, la politique salariale est atone. Lors de la négociation annuelle obligatoire (NAO) sur les salaires en début d'année les salariés n'ont obtenu aucune augmentation collective, comme d'ailleurs plusieurs années précédentes. La direction avait prévu une "clause de revoyure" en milieu d'année mais aucune réunion n'a été convoquée. Or, que montre le rapport Syndex ? "En 2008, 90% des effectifs ont eu une augmentation soit nulle (25 %) soit comprise entre 1 et 2 % (65 %)", ce qui signifie, étant donnée l'évolution des prix, que leur pouvoir d'achat a baissé. Par ailleurs, alors que les augmentations collectives sont inexistantes, la politique d'augmentations individuelles est "erratique" et "très discriminante", présentant de "très forts écarts" et privilégiant les "tranches extrêmes".”

Or, très récemment, le départ de Marc Feuillée a donné lieu à des promotions pour plusieurs membres de la direction...

Tout cela n'est pas de nature à réduire les "très forts écarts", privilégiant les "tranches extrêmes"...

Les salariés sont fondés à interpeller les heureux bénéficiaires : félicitations ! Vous avez été bien servis ! Et nous ?

Discrimination envers les pigistes

De plus, le SNJ a un désaccord de principe. L'augmentation collective doit s'appliquer à tous les salariés, y compris les journalistes pigistes. La direction a refusé, assumant sans complexe sa politique de discrimination à l'égard des journalistes pigistes.

En revanche, la direction a acepté la revendication de la CFDT-CGT que l'augmentation collective s'applique aux “pigistes forfaitisés”.

Pour le SNJ, les “pigistes forfaitisés” sont une anomalie juridique: si la loi était appliquée, ces journalistes bénéficieraient d'un contrat de travail (à temps partiel ou à temps plein). En faire un cas à part revient à pérenniser leur situation illégale. Il faut au contraire se battre pour leur “titularisation”.

De l'aveu même de la direction, il y a dans le groupe moins de 10 “pigistes forfaitisés”, et la plupart à L'Express...

Si, au lieu de faire des cas à part, tous les syndicats avaient comme le SNJ exigé l'application des mesures salariales collectives à tous les pigistes, peut-être aurions-nous pu remettre en cause plus efficacement la discrimination injustifiable entre les journalistes permanents et pigistes en vigueur depuis trop longtemps dans le Groupe.

Les autres décisions

  • passage du ticket-restaurant de 8,30 à 8,70 euros
  • augmentation de 100 e. des salaires d'embauche (minimas pratiqués dans le groupe) : ils passent à 1600 e. pour les employés, 2000 e. pour les cadres et les journalistes “stagiaires”, 2400 e. pour les journalistes “titulaires”
  • création d'un Plan d’épargne pour la retraite collectif (Perco), vieille revendication de la CFDT-CGT,
    le montant de l’abondement versé par le groupe dans le cadre de l’épargne salariale (PEE + Perco) serait relevé de 15 %.

La direction ne cache pas qu'elle privilégie tous les dispositifs qui lui permettent de diminuer les cotisations sociales (qu'elle appelle “charges sociales”). Le SNJ au contraire est soucieux de l'équilibre des régimes de protection sociale (maladie, retraite..) dans l'intérêt des salariés. Tous les syndicats de GER, qui ont participé aux manifestations pour les retraites en 2010, partagent-ils cette préoccupation ?