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12 juillet 2011

Intéressement : une occasion manquée

Le SNJ a signé lundi 11 juillet 2011 l’accord sur l’intéressement.

Le SNJ a toujours été extrêmement méfiant à l'égard des formes de rémunération des salariés fondées sur les résultats de l'entreprise (intéressement, participation…) : elles sont aléatoires ; creusent les déficits des régimes sociaux (retraites, maladie, etc.) puisque les cotisations sociales sont allégées ; et surtout elles encouragent la recherche de profits financiers à court terme, donc les suppressions d’emploi, l’austérité et l'aggravation des conditions de travail : plus nous serons rentables – et moins nous serons nombreux – et plus la prime d’intéressement sera valorisée !
Avec la « carotte » de l’intéressement ou de la participation (voire pire encore, puisqu’un Perco - plan d’épargne retraite collectif - est envisagé), on fait croire aux salariés qu'ils ont intérêt à la restriction des « coûts », les plans « sociaux » (PSE), la suppression d'activités et d'emplois, la stagnation des salaires...
Toutes « recettes » privilégiées à GER depuis 2006 par son actionnaire Roularta, dont l’objectif d’un taux de rentabilité à deux chiffres n’a pas changé malgré la crise économique.
Tous les salariés ont pu vérifier (et souffrir de) cette gestion à court-terme uniquement orientée vers les résultats financiers. Par exemple, hier, avec le PSE qui a vu le Groupe Express perdre un dixième de son effectif. Et aujourd’hui avec le projet de liquidation (plus ou moins brutale) de L’Expansion, en application d’un dogme selon lequel non seulement l’ensemble du groupe mais aussi chacune de ses entités ne saurait être déficitaire. « Il n’est pas normal que le reste du groupe finance une activité qui perd de l’argent », a-t-il été asséné, alors que dans de nombreux groupes de presse français c’est ce qui permet la survie de titres indispensables au pluralisme et à la diversité.
A cet égard, le SNJ ne partage pas l’analyse développée par d’autres syndicats lors du CE du 8 juillet 2011, selon laquelle des revendications auraient été « entendues par la direction », mais refusées par l’actionnaire. Nous avons lors de ce CE dénoncé le petit jeu tactique consistant (mais à quelle fin ?) à faire croire qu’il y a des « méchants » et des « gentils » (comme dans les commissariats des séries policières…). La direction représente l’actionnaire, les salariés n’ont pas deux mais un seul interlocuteur –  d’ailleurs la promotion, après le départ du précédent PDG, des hauts cadres du Groupe Express, illustre cette solidarité, tout à fait légitime dans une bonne « gouvernance »…

La méfiance du SNJ a été amplement justifiée par l’attitude de la direction, laquelle a expliqué ouvertement qu’elle privilégiait l’intéressement au détriment des salaires.
Alors que Roularta Media Group affiche des résultats « radieux » pour 2010, que ses actionnaires bénéficient de 6 millions d’euros de dividendes, lors de la négociation annuelle obligatoire (NAO), la direction de GER n’a proposé que des miettes à ses salariés : 0,50 % à 1,5 % d’augmentation.
Mais, quand, à l'issue d'une Assemblée générale du personnel (convoquée par le SNJ, Sud et FO), près de 300 salariés ont réclamé dans une pétition la réouverture de la négociation annuelle sur les salaires (NAO), la direction a refusé en renvoyant aux résultats des négociations sur l’intéressement et sur la création d’un Perco, qui, selon elle, « récompenseront » les efforts des salariés.
Les rémunérations non salariales sont donc un argument pour ne pas augmenter correctement les salaires.
Le SNJ n’a pas varié : la prime issue de l’intéressement ne peut remplacer l’absence de vraie revalorisation salariale collective. Le SNJ, Sud et FO (ces deux derniers n’étant pas représentés dans les négociations) n’accepteront jamais d’abandonner la revendication salariale pour d’hypothétiques revenus par l’intéressement ou des plans d’épargne.

Aujourd’hui, le résultat de la négociation sur l’intéressement montre la duplicité de la direction.
Dès 2007, le SNJ revendiquait l’attribution aux salariés de 35 % du résultat d’exploitation prévisionnel (Rex)
 du groupe pour 2007, l’équivalent d’un 14e mois pour tous. Cette année, dans la dernière ligne droite de la négociation, le SNJ demandait que le seuil de déclenchement soit de 1 million d’euros du résultat d’exploitation, et, avec les autres syndicats négociateurs, que le pourcentage du montant redistribuable aux salariés passe à 18%.
Or, le résultat de la négociation 2011 (10 % du résultat d’exploitation à condition qu’il atteigne 3 millions d’euros) sera loin de compenser ce que les salariés n’ont pas obtenu lors de la négociation salariale, et leur perte de pouvoir d’achat depuis des années. On peut même craindre, au vu des chiffres du groupe communiqués aux élus (avec les pertes de L’Expansion agitées comme un épouvantail), que ce seuil de 3 millions ne sera pas atteint cette année, et donc que personne ne touche d'intéressement. Donc les promesses sur l’intéressement que faisait miroiter la direction pour saper la mobilisation sur les salaires n’étaient qu’un marché de dupes. Tous ceux qui ont participé à cette intox portent une lourde responsabilité à l’égard des salariés.

Aussi, pour le SNJ, la négociation sur l’intéressement est un échec sur l'essentiel : concrètement, sur les sommes sonnantes et trébuchantes que les salariés sont en droit de revendiquer.

Il n'en reste pas moins que le pourcentage du résultat d’exploitation prévu pour les salariés est plus élevé que celui du précédent accord en vigueur.

De plus, lors d’une ultime réunion de négociation le 28 juin, la direction a répondu favorablement à trois revendications réitérées à plusieurs reprises par le SNJ, Sud et FO :

  • répartition égalitaire, non pas proportionnellement au salaire mais en fonction du temps de présence
  • accès à l'intéressement pour tous les pigistes ayant eu trois bulletins de paie dans l’année, sans condition de minimum de rémunération. Le SNJ désapprouve néanmoins qu’ « une prime d’un montant inférieur à 30 euros ne sera pas versée »
  • la participation et l’intéressement sont dissociés et peuvent être cumulés.

C’est pourquoi, lors du CE du 8 juillet, le SNJ a exposé son analyse et indiqué qu’il était dans l'état d'esprit de signer cet accord. Seul obstacle : l’absence dans le texte communiqué aux syndicats de l’avenant précisant les modalités de répartition. Ayant obtenu ce complément, le SNJ a signé l’accord sur l’intéressement 2011-2013, malgré tout très décevant sur l'essentiel.