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02 décembre 2011

1er décembre 2011 : une grève pour L'Expansion, une grève pour l'emploi

Grève du 1er décembre 2011

Sauvegarder L’Expansion pour sauver des emplois

La grève du jeudi 1er décembre a été très suivie à GER, notamment à L'Expansion et à L'Express, les premiers concernés par le projet du nouvel Expansion présenté par Christophe Barbier.

Le Web a aussi rejoint la grève, comme Studio, pourtant en bouclage, ainsi que la fabrication. Ce qui montre le profond malaise concernant les conditions de travail dans l’ensemble du groupe.

La direction a reçu vendredi matin les délégués syndicaux, la SDJ de L'Express et la SDR de l'Expansion pour leur proposer un moratoire sur la restructuration de L'Expansion. Une négociation s’ouvre le lundi 5 décembre dont le terme est fixé au 17 décembre prochain.

Une AG s’est tenue vendredi à L'Expansion. Il y a été beaucoup question des intérêts convergents des rédactions de L'Expansion et de L'Express : plus les effectifs et les moyens affectés à L'Expansion seront importants et plus la rédaction de L'Express, qui ne veut pas et ne peut pas en faire davantage, la soutiendra.

27 novembre 2011

"« L'Expansion » : vers une rédaction commune avec « L'Express »" ("Les Echos")

Lu dans "Les Echos" (27 novembre 2011) :

"Christophe Barbier, directeur de la rédaction de « L'Express », prévoit d'alléger et de « refroidir » « L'Expansion », qui n'aura plus de rédaction propre au titre.

Après plusieurs mois d'incertitude, les dirigeants du groupe Express-Roularta ont décidé du sort de « L'Expansion ». Vendredi, Christophe Barbier, le directeur de la rédaction de « L'Express », a présenté son projet au cours d'un comité d'entreprise : il prévoit de transformer, dès février prochain, « L'Expansion » en un mensuel « très refroidi » et allégé.

Réduit à 90 pages (hors numéros spéciaux), au lieu de 120-130 aujourd'hui, il accordera une place plus large aux chroniques ou bonnes feuilles de livres ; les pages actualité seront supprimées ; l'accent sera mis sur la macroéconomie, au détriment de la microéconomie et des reportages. « Le succès de "XXI" ou des livres d'économie montre qu'il y a une vraie demande de textes longs, pour analyser et comprendre l'économie », explique Christophe Barbier aux « Echos ». « L'Expansion est une grande marque, qui a une carte à jouer. »

Vives inquiétudes

Mais la décision la plus frappante est celle de supprimer la rédaction de « L'Expansion ». Un certain nombre des 30 journalistes de « L'Expansion », au mimimum cinq, rejoindront la rédaction de « L'Express », au sein des services économie mais aussi France ou monde. C'est cette rédaction renforcée qui réalisera le nouveau mensuel, sous la responsabilité de Christophe Barbier et de Christine Kerdellant, actuelle directrice de la rédaction de « L'Expansion » (et directrice adjointe de la rédaction de « L'Express »). Elle sera aussi chargée d'alimenter les sites Internet des deux titres et de réaliser, comme aujourd'hui, des hors-séries ou des livres.

Les autres journalistes de « L'Expansion » seront, pour certains, affectés à la réalisation de lettres confidentielles sectorielles mensuelles. Jean Weiss, patron du pôle médias spécialisés, a évoqué quelques pistes, mais le projet reste encore très flou selon les journalistes présents.

Enfin, ce plan prévoit un certain nombre de départs. Alors qu'il était question de 9 licenciements économiques, on s'oriente plutôt désormais vers un guichet de départs volontaires, ouvert à tout le groupe. L'objectif de ce plan est de supprimer un foyer de pertes, alors que le mensuel a perdu 10 millions d'euros sur les cinq dernières années selon ses dirigeants. « Le problème essentiel de "L'Expansion", c'est sa structure de coûts », avance Christophe Barbier.

Comme l'ensemble des magazines économiques, le titre a aussi vu ses ventes s'éroder depuis 2007 : sa diffusion a baissé de 14 % depuis quatre ans, à 137.412 exemplaires (- 16 % pour « Capital », à 321.818 exemplaires, - 11 % pour « Challenges », à 230.709). Mais les salariés sont pour le moment sceptiques sur ce projet, craignant que « L'Expansion » ne devienne un titre low cost et ne perde encore des ventes. La perspective d'une rédaction commune suscite également de vives inquiétudes, y compris parmi les salariés de « L'Express ». Une assemblée générale doit se tenir demain, pour évoquer l'ensemble de ces sujets."

26 novembre 2011

Non au dépeçage de L'Expansion !

Non au dépeçage
de L’Expansion !

Assemblée générale

le mardi 29 novembre à 11 h 30,
au sixième étage

Mercredi 16 novembre, la rédaction de L’Expansion a rencontré Corinne Pitavy, Christophe Barbier et Eric Matton qui lui ont fait part de nouveaux projets dont les conséquences sociales et éditoriales s’annoncent excessivement lourdes.

La rédaction de L’Expansion disparaîtra en tant que telle, quelques-uns de ses membres rejoindront L’Express, d’autres seront affectés à des lettres professionnelles encore à inventer, les autres seront licenciés.

Le «nouvel Expansion» devrait continuer à paraître sous la responsabilité de Christophe Barbier. Il sera réalisé par la rédaction de L’Express faiblement renforcée.

Nous avons compris que Roularta veut restructurer le groupe Express-Roularta et l’entraîner vers une inéluctable «low-costisation». La baisse de qualité de nos journaux qui s’en suivra est l’assurance de la mort lente des titres du groupe.

Les pertes de L’Expansion ne justifient pas les mesures annoncées. Le groupe Roularta a largement les moyens de présenter un projet qui assure le maintien d’une rédaction, garant de la qualité du titre.

La rédaction de L’Expansion, ainsi que l’ensemble des organisations syndicales, la société des rédacteurs de L’Entreprise et la société des rédacteurs de L’Etudiant, s’opposent à ces nouvelles orientations stratégiques.

Nous refusons le dépeçage de L’Expansion et ses conséquences sociales désastreuses.

Non à la casse sociale, non au « low-cost » !

CFDT  CGT  FO  SUD  SNJ
le 24 novembre 2011

24-11-2011 Non au dépeçage de L'Expansion.pdf

25 novembre 2011

"L'Expansion : inquiétudes autour d'une suppression de la rédaction" ("Les Echos")

Lu dans "Les Echos" (24 novembre 2011) :

"L'Expansion : inquiétudes autour d'une suppression de la rédaction"

"Les spéculations vont bon train avant le comité d'entreprise extraordinaire convoqué demain matin pour annoncer aux salariés le sort qui sera réservé à "L'Expansion". Dans un tract diffusé en interne, les syndicats s'inquiètent des mesures qui pourraient être annoncées : en particulier, ils évoquent la suppression de la rédaction du mensuel en tant que telle. « Quelques-uns de ses membres rejoindront L'Express, d'autres seront affectés à des lettres professionnelles encore à inventer, les autres seront licenciés », peut-on lire dans ce tract.

« Ce texte a été rédigé suite à une réunion entre Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L'Express, et les représentants de la SDR (sociétés des journalistes) de L'Expansion : les syndicats ont voulu lancer une alerte avant le CE de demain. Pour l'instant, il ne s'agit pas de décisions officielles, mais d'une crainte de la part des salariés », explique un salarié. L'idée, selon plusieurs sources internes, serait de transformer "L'Expansion" actuel en un magazine beaucoup plus froid, qui serait réalisé par la rédaction de "L'Express" sous la responsabilité de Christophe Barbier. La référence du magazine XXI, constitué de papiers longs et de reportages au long cours, a été évoquée."

24 novembre 2011

"L’Expansion" sérieusement « refroidi »

Le comité d’entreprise du vendredi 24 novembre a été consacré à l’information-consultation sur le projet de restructuration de L’Expansion, la présentation d’un nouveau projet éditorial pour le magazine et le projet de lettres spécialisées. "L’Expansion", privé de rédaction propre, ferait demain rédaction commune avec "L’Express".

Dans l’après-midi, Christophe Barbier est revenu, en présence de la la SDJ de "L'Express", de la SDR de "L'Expansion" et des délégués syndicaux du groupe, sur son projet de nouveau magazine « allégé » et « refroidi », avec moins d’enquêtes et beaucoup de pages « faciles à faire », avec des tribunes, des traductions et des « bonnes feuilles ».

Cinq rédacteurs de "L’Expansion" seraient intégrés à la rédaction de "L'Express". Le nouveau mensuel serait dirigé par Christine Kerdellant et Bruno Abescat, le chef du service Economie de "L'Express". Une direction qui risque de très peu s’impliquer dans ce projet. En revanche, on comprend que la mini-rédaction de "L’Expansion" devrait en faire beaucoup plus.

La rédaction technique de "L’Expansion" serait intégrée à celle de "L’Express", mais Christophe Barbier a reconnu qu'il faudrait encore prévoir des renforts. Il a précisé que le supplément de "L’Expansion" "Tendances" (4 numéros pas an) serait externalisé mais placé sous l'autorité de l'équipe de "Styles".

Il n'a pas évoqué le pôle de lettres professionnelles, dirigé par Jean Weiss ("L’Etudiant"), censé repêcher plusieurs journalistes de "L’Expansion", mais ce projet est dans un tel état d'impréparation que ceux qui y seraient transférés ont du souci à se faire pour leur avenir.

Le projet de la direction semble surtout destiné à mutualiser les rédactions de "L’Express" et de "L’Expansion". Christophe Barbier a expliqué que son rêve serait de créer un immense "open space" à l’étage occupé par "L’Express", avec une rédaction écrivante et technique chargée de « travailler sur tout », à tous les rythmes, indifféremment pour le quotidien (le Web), l'hebdo ("L'Express", "Styles", les régionaux) le mensuel ("L'Expansion"), les hors-série, les spéciaux. Un vrai cauchemar pour les salariés de GER.

17 novembre 2011

La rédaction de l'Expansion : "Nous refusons le dépeçage de L’Expansion et ses conséquences sociales désastreuses"

La rédaction de l'Expansion : "Nous refusons le dépeçage de L’Expansion et ses conséquences sociales désastreuses"

Motion adoptée le 17 novembre 2011 par l’assemblée générale de la rédaction de L'Expansion

« Mercredi 16 novembre la rédaction de l’Expansion a rencontré Corinne Pitavy, Christophe Barbier et Eric Matton qui lui ont fait part de nouveaux projets dont les conséquences sociales et éditoriales, cette fois, s’annoncent excessivement lourdes.

La rédaction de l’Expansion disparaîtra en tant que telle, quelques uns de ses membres rejoindront L’Express, d’autres seront affectés à des lettres professionnelles encore à inventer, les autres seront licenciés.

Le « nouvel Expansion » devrait continuer à paraître sous la responsabilité de Christophe Barbier. Il sera réalisé par la rédaction de L’Express faiblement renforcée.

Nous avons compris que Roularta veut restructurer le groupe Express-Roularta et l’entraîner vers une inéluctable « low costisation ». La baisse de qualité de nos journaux qui s’en suivra est l’assurance de la mort lente des titres du groupe.

Les pertes de L’Expansion ne justifient pas les mesures annoncées. Le groupe Roularta a largement les moyens de présenter un projet qui assure le maintien d’une rédaction, garant de la qualité du titre.

La rédaction de L’Expansion, l’ensemble des organisations syndicales, (d’autres à venir) s’opposent à ces nouvelles orientations stratégiques.

Nous refusons le dépeçage de L’Expansion et ses conséquences sociales désastreuses. Et appelons à une assemblée générale le mardi 29 novembre 2011 à 11h30. »

16 novembre 2011

"L’Expansion" réduit d’un tiers

Lors du Comité d’entreprise (CE) extraordinaire du 16 novembre, la direction de GER a annoncé qu’elle envisageait de procéder à 9 licenciements économiques « au plus » dans le groupe, indiquant qu’elle souhaitait éviter un Plan (dit de) de sauvegarde de l’emploi - PSE (obligatoire à partir de 10 suppressions de postes sur une période d’un mois).

Le mensuel serait maintenu sous une forme « allégée » (90 pages au lieu de 120, 10 numéros par an au lieu de 11). Une partie des 16 rédacteurs actuels du magazine serait affectée à une "cellule d’expertise économique", en compagnie des rédacteurs du service Economie de L’Express. Cette « newsroom » contribuerait aux deux titres, sur le print et sur le web.

Un projet de lettres confidentielles, intégré au pôle « média spécialisés » de GER ("L’Étudiant", "L’Entreprise", "Mieux Vivre-Votre Argent"), dirigé par Jean Weiss, doit permettre de reclasser une partie des salariés de L’Expansion, et empêcher le nombre de licenciements d’atteindre les 10, et donc éviter un PSE.

En filigrane de ces annonces se profile le licenciement d’un tiers des 27 salariés de L’Expansion.

02 novembre 2011

Les syndicats dénoncent la répression contre leurs responsables nationaux dans leurs entreprises

SNJ, CFTC, CFDT, SNJ-CGT, SGJ-FO et CGC ont publié le 1er novembre un communiqué commun :

Les syndicats signataires, SNJ, CFTC, CFDT, SNJ-CGT, SGJ-FO et CGC, dénoncent les multiples pressions à l’encontre de responsables nationaux dans leur entreprise visant à les empêcher d’exercer librement leurs mandats dans les négociations de branche et les instances paritaires. [...]

Des situations de cet ordre ont été observées à France Télévisions (France 2, France 3, France 4, France 5, France O et Outremer 1ère), France 24, Canal Plus, Radio France, Virgin Radio, l’AFP, Associated Press, Thomson-Reuters, Roularta L’Express, L’Equipe, France Soir, La Dépêche du Midi, Le Dauphiné Libéré, Le Républicain Lorrain, Publihebdos (presse locale et régionale), Prisma Presse (Capital…), GRM (Le Revenu…), EED (LotoFoot mag…), Le Quotidien du Médecin, Editialis (presse pro), parmi d’autres. [...]

Lire tout le Communiqué intersyndical. Qualité de l’information et répression antisyndicale généralisée !.

Lire aussi le communiqué du SNJ (28 juin 2010) L’Express contre la liberté d’expression syndicale.

22 avril 2011

Dans L'Express, Raphaël Enthoven s'en prend à l'“antijournalisme” d'Edwy Plenel

Dans sa chronique de L'Express (20 avril 2011), Raphaël Enthoven dénonce :

[...] Le directeur de Mediapart Edwy Plenel donne la formule magique de l'antijournalisme qui sévit désormais sur Internet, et qui réclame l'information aux dépens de la loi comme les tyrans promettent le bonheur aux dépens de la liberté. [...]

En diffusant l'enregistrement clandestin de Liliane Bettencourt, Edwy Plenel s'est conduit exactement comme le pouvoir qui, en son temps, l'avait mis lui même sur écoute.

Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, s'était très tôt solidarisé avec Mediapart et Edwy Plenel. Voir les communiqués du SNJ en 2010, notamment La liberté de la presse réaffirmée par la justice.

Dommage que L'Express ne signale pas que la Justice, précisément sur la question de la publication des “enregistrements privés”, a donné raison à Mediapart et Edwy Plenel, au nom de la “légitime information du public”.

Le SNJ y revient dans son organe Le Journaliste (n°198-299, 3e et 4e trim. 2010) * :

Les révélations des journalistes de Médiapart dans les affaires Woerth/Bettencourt relèvent de la « légitime information du public ». Les juges ont ainsi, à deux reprises, légitimé la publication d'extraits des écoutes réalisées au domicile de la milliardaire. En rappelant l’équilibre nécessaire « entre le droit au respect à la vie privée et la liberté de l’information », ils sont dans le droit fil des textes européens et de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme sur la liberté de la presse, « pierre angulaire de la démocratie ».

Le SNJ s'était porté en justice aux côtés de Médiapart et de ses journalistes, dans la plainte en diffamation déposée contre le secrétaire général de l’UMP, qui s’était permis le 6 juillet 2010 de les accuser d’utiliser des "méthodes fascistes".

* LeJourn298-299_edito.pdf

22:58 Publié dans Presse, SNJ (national, régional) | Tags : déontologie, l'express, loi, snj

14 juin 2010

Publireportages ?

A propos de L'Express du 9 juin 2010 “Bien manger avec Pierre Dukan” :

Ceci N’Est Pas (Du Tout) Un Publireportage” (Sebastien Fontenelle, politis.fr, 13 juin 2010)

09:05 Publié dans Presse | Tags : déontologie, l'express, métiers

28 mai 2010

L'Express et les grandes écoles : l'apprentissage du mélange des genres ?

Lire sur marianne2.fr

Le concours de l'Express, un drôle d'apprentissage (18 mai 2010)

23:37 Publié dans Presse | Tags : déontologie, l'express, métiers

21 mai 2010

2e avertissement contre le représentant syndical SNJ

Le 23 février 2010, la section SNJ de Groupe Express Roularta publiait sur le Blog du SNJ Groupe Express les extraits d’un article de Jacques Gevers, ancien patron de la rédaction du Vif-L’Express, paru dans une revue belge.

Le 9 avril, Marc Feuillée, président du directoire de Groupe Express Roularta, a adressé un nouvel avertissement (voir le premier) à Eric Marquis, en tant que directeur de la publication du Blog du SNJ Groupe Express.

Eric Marquis a répondu par retour de courrier, invoquant la liberté d’expression, et demandant donc la levée de cette sanction en lien direct avec son activité syndicale. Le SNJ a également écrit à Marc Feuillée.

24 mars 2010

Votez SNJ pour défendre la qualité

De la qualité, et pas seulement du « contenu »

Sur l’information en ligne, le Groupe Express-Roularta comme ses concurrents est contraint d’innover. Mais quelle est sa stratégie ? L’exemple du service « premium » de lexpress.fr, abandonné discrètement après une annonce en fanfare, est inquiétant. Les seuls projets acceptables seraient-ils ceux qui ne nécessitent aucun investissement, surtout en termes d’effectifs ?

Dans son obsession de résultats financiers à court terme, la direction de GER porte atteinte à la qualité de l’information et à l'identité des titres, par la remise en cause les bases du journalisme (enquête, rigueur, vérification, originalité…) et en cassant les métiers indispensables à son exercice :
– les journalistes des magazines contribuent aux sites dans une logique de quotidien, sans moyens ni rémunération supplémentaire. Comment faire à effectifs réduits sans sacrifier la qualité ?
– la direction veut fusionner des rédactions, comme c'est le projet pour les marques Maison Française, Maison Magazine, Cuisines & Bains et Terrasses & Jardins, rendant les équipes interchangeables et menaçant l'identité de chaque magazine ;
– des journalistes écrivent pour un autre titre que le leur, comme ceux de L’Expansion pour L’Express, au risque d’affaiblir l’un pour renforcer l’autre ;
– les métiers sont fusionnés afin de diminuer les effectifs, comme la révision et le SR à L'Express. Tout le monde fait tout mais moins bien.

Résultat : les journalistes en subissent les conséquences, mais aussi, in fine, les lecteurs, dont la désaffection pour la presse déstabilise les titres... ce qui se répercute sur l’emploi et les conditions de travail. Un cercle vicieux auquel il faut mettre un terme.

En votant pour le SNJ, vous direz non à cette fuite en avant suicidaire pour la qualité de l’information et l’avenir de nos titres.

Le jeudi 1er avril 2010, votez pour les listes présentées par le Syndicat national des journalistes.

18 mars 2010

Contre la dénaturation des métiers

Depuis le Plan “social” de 2009, l’intensification de la charge de travail pour les personnels restants s’est accompagnée d’une dénaturation des métiers.

Un mouvement-couleuvre, masqué derrière le traditionnel argument du progrès technologique, qui vise à réorganiser la chaîne de production des textes pour en augmenter la productivité/et en diminuer le coût salarial.

Pour les journalistes rédacteurs, la diminution des enquêtes de terrain va de pair avec l’incitation à fournir toujours plus pour le web et les autres supports, avec l’augmentation du travail de secrétariat – transcriptions diverses… – et la responsabilisation au niveau de la correction de la copie… Toutes tâches qui leur étaient jusque-là épargnées au profit de la maturation d’idées et de l’écriture…

Dans les services techniques, ce mouvement se fait plus que jamais pressant. Pour l’instant, ce sont les réviseurs (lecteurs-correcteurs), et par contrecoup les secrétaires de rédaction (SR), qui en font les frais (mais pourquoi s’arrêterait-il en un si bel élan ?).

  • Soit les réviseurs sont supprimés (comme à L’Entreprise, où les deux postes ont disparu en mai 2009, à Mieux-Vivre et à Point de vue), et l’on charge les SR de faire le “décoquillage” des textes, avec une pige de soutien ponctuelle pour les bouclages ou les suppléments ;
  • soit, la charge de travail étant devenue trop importante pour le nombre de réviseurs restants, on leur donne la consigne de relire plus vite et de ne plus vérifier l’information (comme à L’Expansion, qui a aussi perdu un poste en mai 2009),
  • ou, comme à L’Express, on demande aux SR (après formation d’une semaine…) de relire un certain nombre de pages avant montage, charge aux réviseurs de relire les titres en page montée (entre 2009 et 2010, le service est passé de 8 à 4 postes, sans augmentation conséquente du nombre de pigistes).

La question de l’évolution de ces deux métiers (et de la nouvelle conception des textes qui en résultera) ainsi que celle de l’accompagnement des réviseurs dont le poste va être supprimé, méritent d’être posées clairement.

Elles devraient l’être au CE dans le cadre d’un dispositif de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, pour maintenir une exigence de qualité suffisante dans le traitement des textes (préalable au respect de l’auteur et du lecteur) et conjurer la fatalité d’une déqualification professionnelle (éprouvante et démotivante) des personnels concernés.

23 février 2010

Le Vif/L'Express : un bilan riche d'enseignements

Jacques Gevers a dirigé la rédaction du Vif/L'Express jusque fin 2005, quand Roularta l'a écarté.

Ce fut un des épisodes de la crise du premier hebdomadaire belge francophone, “cousin” belge de L'Express, dont le propriétaire Roularta est devenu en 2006 celui de L'Express. Une crise qui continue encore aujourd'hui.

Jacques Gevers raconte ces années de crise dans “Vie d'un hebdo, mort d'un projet”, un article publié dans La matière et l'esprit, revue multidisciplinaire de l'Université de Mons-Hainaut (UMH). Thème de ce numéro (n° 12-13 de nov. 2009-av. 2010) : “Emotocratie: émotion, médias et pouvoir” (Pour commander la revue : voir La Matière et l'esprit).

Depuis sa parution, l'article de Jacques Gevers alimente en Belgique la réflexion sur les médias. Nous en publions ici des extraits qui font écho à la situation de ce côté-ci de la frontière.

Le pilotage de la rédaction a été modifié quatre fois en trois ans. L’équipe rédactionnelle a perdu 9 journalistes et deux graphistes, soit plus de la moitié de son effectif de 2005. Seule une partie d’entre eux a été remplacée. Le journal a également congédié deux de ses plus prestigieux collaborateurs extérieurs et en a perdu un troisième, orfèvre de l’écriture, après vingt-trois ans de chroniques littéraires. Le lectorat ne reconnaît plus le journal auquel il avait accordé sa confiance. Les ventes s’étiolent. Le recrutement d’abonnés est à la peine. On ne compte plus les messages où des femmes et des hommes, naguère lecteurs fidèles et enthousiastes, expriment leur désapprobation et leur dépit. L’« entreprise Vif », longtemps havre de paix sociale et média-phare pour les jeunes journalistes, est devenue un lieu de méfiance, de soupçon et de peur. [...]

La nomination de Faljaoui est remise en selle par les actionnaires. Ils demandent aux journalistes de l’écouter pour prendre, au moins, connaissance de son projet. La rédaction assiste alors à un long monologue truffé d’anglicismes. Le candidat se livre à une démolition en règle du Vif : « Tel sujet, c’était n’importe quoi. Telle couverture, ça vaut tout au plus un zéro pointé. » Au lieu de quoi, il propose d’implémenter une stratégie de benchmarking : « Il ne faut pas hésiter à acheter une grosse pile de newsmagazines, venus du monde entier. Voir ce qu’ils font, les scanner, retenir le meilleur et ne pas hésiter à s’en inspirer ! » Copier les autres ? C’est un peu court pour les journalistes du Vif, conscients d’avoir construit un projet original et plutôt fiers d’y travailler. [...]

Le moral, ainsi que la motivation et le dynamisme qui vont avec, ne sont pas les seuls à plonger. Pour la première fois, Le Vif commence à montrer les symptômes d’une entreprise mal gérée. L’absentéisme s’y répand, les congés pour maladie se multiplient. Certains journalistes ne sont plus relus, ou trop superficiellement. En conséquence, des articles parus dans Le Vif sont parfois peu compréhensibles. D’autres sont beaucoup trop longs, prenant un embonpoint sans rapport avec l’intérêt du sujet. En bref, la discipline se relâche. Les délais ne sont plus respectés. Des pages, voire des cahiers entiers parviennent à l’imprimerie avec plusieurs heures de retard, voire davantage. Quelques mois plus tard, ces dysfonctionnements vaudront au journal de se voir imposer une réorganisation dictée par les services techniques de Roularta, las de devoir improviser de coûteuses heures supplémentaires pour pallier les retards de la copie. [...]

Il faut donc « changer ». Quoi ? Un peu tout. Les titres trop prudents. Les analyses trop nuancées. Les couvertures internationales. Les sujets difficiles à expliquer. A la trappe, le Baromètre de l’économie IRES/Le Vif, la conjoncture, les finances publiques. Poubelle, les débats où l’on risque de se prendre la tête. Fini, les pages « Idées ». Virés, Bruno Dayez et sa chronique judiciaire, Jean Sloover et ses critiques d’essais. La politique ? Elle reste la bienvenue. Mais à la condition de privilégier désormais les acteurs, et non plus les enjeux. Les politiques, leur entourage, les têtes couronnées, les stars d’ici ou d’ailleurs, peu importe, pourvu que « les autres en parlent » aussi. Pleins feux sur les people, donc. N’essayez pas d’expliquer « l’impasse de la gauche » ou « les excès du libéralisme » ; racontez plutôt « pourquoi Di Rupo et Reynders se détestent », « comment Joëlle Milquet épuise ses collaborateurs » ou « ce que fait ‘Madame Non’ pour survivre dans cet univers de machos », « pourquoi Yves Leterme (ou le prince Laurent, Albert Frère, Tonton Tapis…) est insupportable »… La même préférence pour l’émotion et les ressorts psychologiques de l’actualité se manifeste dans la couverture de la tension communautaire croissante qui suit les élections fédérales du 10 juin 2007 : les Flamands et les francophones deviennent alors, en direct de la scène, les acteurs collectifs, anges ou démons, de ce grand spectacle qu’est désormais la vie publique. [...]

L’étau se referme le jeudi 22 janvier 2009. Ce jour-là, Amid Faljaoui notifie leur licenciement immédiat à quatre journalistes du Vif. Outre la rédactrice en chef Dorothée Klein, trois autres femmes font les frais de l’opération : Pascale Gruber (santé, médecine, société), Elisabeth Mertens (culture, numéros spéciaux) et Isabelle Philippon, coordinatrice de l’actualité politique, économique et sociale. L’opération est menée avec une brutalité médiévale et sa mise en scène témoigne d’un certain goût pour le roman de gare : pour que la « vidange » soit discrète, les quatre journalistes sont convoquées hors de leur lieu de travail, au siège de Roularta à Zellik. Interdiction leur est faite de remettre le pied à la rédaction. Car « J’ai horreur du concert des pleureuses », justifie Faljaoui. Elles disposeront de deux heures pour venir chercher leurs affaires, samedi, quand les bâtiments sont vides. Sous la surveillance d’un gardien de sécurité qui, nanti d’instructions précises, garde l’oeil rivé à sa montre et houspille sans ménagement les traînardes. [...]

Avant même d’être un homme de presse, Rik De Nolf est un homme d’affaires. En l’occurrence, un marchand d’espaces publicitaires. A ce titre, il est évidemment très sensible à la diffusion et à l’audience de ses publications, puisque le prix auquel un espace publicitaire peut être vendu est fonction du nombre de personnes susceptibles d’être atteintes par la publicité qui y prendra place. Or, en 2005, les chiffres de diffusion du Vif, sans être alarmants, montrent une érosion légère mais continue depuis quatre ans, malgré les efforts fournis par la rédaction pour renouveler la formule de l’hebdomadaire en 2004. Répétons-le : ce tassement des ventes du Vif est sans commune mesure avec le recul qui affecte l’ensemble de la presse écrite depuis une décennie. Que fait le propriétaire d’une écurie quand un jeune cheval avenant piaffe à l’étroit dans son box ? Il lui donne de l’air et mise sur lui pour emporter des compétitions plus difficiles. C’est exactement ce que Rik De Nolf va faire avec Amid Faljaoui. D’autant plus volontiers que le poulain est bon vendeur : il sait dire au maître les mots que ce dernier a envie d’entendre, dans le langage managérial qui lui est familier. A chaque fois qu’il a l’occasion de rencontrer De Nolf (et il excelle à n’en rater aucune), Faljaoui ne manque pas de dénigrer les derniers numéros du Vif. Et d’expliquer au CEO ce qu’il aurait fait, lui, pour « rafler la mise » en librairie. C’est dans ce « panneau » que tombera Rik De Nolf, cédant à l’ambition de celui qui lui promettait monts et merveilles. Mais sans anticiper, semble-t-il, les conséquences qui résulteraient de sa précipitation. [...]

Nous pensions, nous pensons en effet qu’un bon journal ne doit pas se fonder sur l’obsession permanente de rencontrer au plus près les attentes présumées du plus grand nombre, mais sur la qualité d’un projet élaboré avec conviction par une équipe forte, qui le propose à l’adhésion du public. C’est sur ce postulat que Le Vif/L’Express a construit son succès pendant plus de quinze ans. [...]

Et L’Express ? A ce moment-là, le groupe français était encore toujours propriétaire de 50% du Vif. Il aurait donc pu tempérer l’enthousiasme de Rik De Nolf, attirer son attention sur les risques d’une décapitation du Vif, voire refuser tout simplement qu’on joue l’hebdo à la roulette russe. Ça, c’est pour la théorie. Car, dans la réalité, à la fin de l’année 2005, L’Express n’a plus grand-chose à dire au Vif. Roularta vient en effet d’acquérir, auprès de son propriétaire Socpresse-Dassault, 35% du capital du Groupe Express-Expansion (GEE), dont L’Express est une filiale. Et le président du directoire du GEE, Denis Jeambar, par ailleurs directeur de la rédaction de L’Express, n’attend qu’une chose : que Roularta prenne le contrôle de la totalité de L’Express. Il y travaille assidûment, aidant De Nolf sans réserve à la réalisation du projet. Par cette opération, Jeambar cherche à ce que son groupe échappe au contrôle de son actionnaire majoritaire, la société Socpresse-Dassault. Et, surtout, aux foucades de son président, Serge Dassault. Face à cet avionneur et fabricant d’armements parfois imprévisible, Roularta, disait-il, apporterait à L’Express la perspective rassurante d’un actionnariat stable, dans le domaine de l’édition. A titre plus personnel, Jeambar voit l’intégration au groupe de Rik De Nolf comme une garantie pour son propre avenir. Du moins le croit-il. Toujours est-il qu’en cette fin d’année 2005, Jeambar n’a rien à refuser à Nolf, dont il est l’obligé. Aurait-il une objection à formuler qu’il s’en abstiendrait précautionneusement : les risques encourus par Le Vif/L’Express ne peuvent alors se mesurer aux grands enjeux des groupes de presse et des mouvements de capitaux à l’échelle européenne. Cette toile de fond est indispensable à la compréhension des événements qui ont affecté Le Vif. [...]

00:14 Publié dans Presse | Tags : actionnaire, le vif, l'express